“La formation n’est pas un bien de consommation comme les autres”

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A moins d’un mois de l’anniversaire de l’appli Mon Compte Formation, revenons sur la vidéo de Mr Fouzi Fethi, responsable Pôle Droit et Politiques de Formation de Centre Inffo. Il nous explique comment la nouvelle application “Mon Compte Formation” révolutionne le marché de la formation.

Retranscription du texte de la vidéo ci-dessus :

L’appli “ Mon compte formation”, une révolution ?

Oui, c’est une révolution dans le sens où la formation en France étant un sujet ésotérique, pour une fois nous avons une mesure très complète, qui parle au plus grand nombre et qui prépare aussi le terrain pour les générations à venir.
Si je me réfère au baromètre annuel du numérique, aujourd’hui, plus de 75% des Français utilise un smartphone. C’est devenu incontestablement la porte d’entrée vers l’utilisation d’internet et d’applications.

Non pas que l’app CPF va à elle seule décréter l’appétence pour se former, mais si elle tient ses promesses, c’est-à-dire permettre aux salariés et aux demandeurs d’emploi de choisir, de s’inscrire et de payer une formation aussi facilement qu’on commande un VTC ou que l’on fait ses courses en ligne. Incontestablement, cette appli CPF pourrait être un très bon produit d’appel pour booster la formation des français.
Il reste maintenant à aller au-delà du produit d’appel en développant d’une part, un accompagnement, particulièrement par le conseil des personnes les moins autonomes. Cela passera par le conseil en évolution professionnelle et d’autre part, en développant une offre de service auprès des entreprises, des branches professionnelles et des régions pour les inciter à inscrire ces droits individuels dans des démarches collectives. Cela passera par la co-construction et les abondements, c’est la prochaine étape, et tout l’enjeu de l’année 2020 et des années à venir.

Une place de marché ou un service public ? 

Les deux, c’est à la fois une place de marché et un service public. C’est d’ailleurs ce qui peut parfois être compliqué à concilier. La plateforme a en effet l’allure d’une “marketplace”, qui est complètement en phase avec nos modes de vie de cyberconsommateurs, mais toute comparaison avec un modèle économique du type Amazon ou Rue du commerce, serait, selon moi,  complètement saugrenue.

Pour deux raisons :

  • Premièrement, les vendeurs de formations ne payent ni abonnement, ni commission, et l’espace de vente est entièrement gratuit.
  • Deuxièmement, les acheteurs de formations, c’est à dire les usagers, sont des actifs qui l’utilisent dans le cadre d’un système de tiers payant.

C’est de l’argent public pour se former. Donc, cette place de marché, un peu particulière, forcément, doit être conciliée avec les principes directeurs du service public. A commencer par deux principes fondamentaux : la neutralité et l’égalité.

Neutralité dans le référencement des organismes de formation par exemple, pour ne pas fausser la concurrence notamment dans le paramétrage du moteur de recherche.

Egalité entre les usagers, dans le sens où aucune distinction ne doit être faite entre eux, que ce soit au niveau de l’accès à la plateforme, comme au service rendu lui-même. Autrement dit, la formation n’est pas un bien de consommation comme les autres. 

Quelle contractualisation ?  

C’est une contractualisation assez inédite, car l’organisme de formation et l’usager ne contractualisent pas directement entre eux mais contractualisent avec le fournisseur de service, en l’occurrence avec la Caisse des Dépôts qui, rappelons-le, au delà du développement de l’application, est aussi gestionnaire des fonds dédiés au CPF. Autrement dit, les conditions générales et les conditions spécifiques d’utilisation de ce service feront office de convention de formation. 

Alors contrairement à ce qui peut être affirmé ici et là, la désintermédiation du CPF ne signifie pas la dérégulation. Bien au contraire, les usagers et les organismes de formations devront s’engager à respecter des règles très précises, que ce soit au niveau de l’inscription, de la réalisation, du service déjà fait, ou encore de la facturation. Le tout fera l’objet d’un contrôle par la Caisse des Dépôts et Consignations et sera assorti de sanctions en cas de manquement. Et cela peut aller par exemple, pour l’organisme de formation, jusqu’au déréférencement.

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